mercredi 27 juin 2018

Panama - appreciation du risque

POINTS FORTS

  • Canal interocéanique et infrastructures connexes (ports, aéroports, routes, voies ferrées)
  • Dollarisation totale de l’économie et stabilité financière
  • Zone franche de Colón, 2e plateforme mondiale d’import-export
  • Centre bancaire et financier régional servi par d’excellentes télécommunications
  • Potentiel touristique

POINTS FAIBLES

  • Forte exposition à la conjoncture nord et sud-américaine
  • Lacunes en termes d’éducation et de formation professionnelle
  • Forte disparité entre la zone du canal et le reste du pays
  • Corruption et clientélisme, bureaucratie

APPRÉCIATION DU RISQUE

UNE ACCÉLÉRATION FONDÉE SUR L’ACTIVITÉ DU NOUVEAU CANAL
L’économie panaméenne affiche le plus fort dynamisme d’Amérique Latine et reste une destination attractive pour les services financiers et de transports. La croissance resterait soutenue par la demande interne. La consommation des ménages demeurerait dynamique en raison de la situation toujours très favorable sur le marché de l’emploi, la participation à la première Coupe du monde de football et l’évolution du crédit, dans un contexte où l’inflation demeurerait modérée. Néanmoins cette dynamique du crédit devrait s’affaiblir à cause de la poursuite du resserrement de la politique monétaire lié à la remontée des taux américains. En outre, le système bancaire panaméen, véritable centre financier de la région, devrait rester résilient. L’investissement privé et public (45 % du PIB) afficheraient de bonnes performances, bien que moins importantes que par le passé (achèvement de l’expansion du canal) grâce à l’activité générée par la construction de lignes de métro, d’un quatrième pont au-dessus du canal, l’achèvement de l’aéroport et le développement d’une mine de cuivre et d’or. De plus, l’activité du canal serait favorisée par la reprise des échanges extérieurs résultant du redémarrage économique en Amérique latine et plus globalement du commerce mondial. Cela devrait s’accompagner d’un développement des services financiers, logistiques et touristiques.

LES DÉFICITS SE RÉDUIRAIENT GRÂCE À L’EXPANSION DU CANAL ET À LA REPRISE DU COMMERCE MONDIAL
La situation des finances publiques poursuivrait son amélioration, toujours dans le cadre du respect des cibles budgétaires données par la loi de responsabilité budgétaire et sociale. Le projet de budget 2018 présenté en juillet 2017 affiche une hausse de 7,9 % par rapport à 2017, soit une hausse des recettes de 6,9 % (liées notamment aux revenus de péage du canal), et des dépenses de 4,2 % : presque 50 % du budget a été alloué aux programmes sociaux, mais des dépenses d’investissement importantes sont prévues, en particulier pour la réalisation des lignes 2 et 3 du métro. La dette resterait ainsi modérée et devrait continuer à diminuer.
Le déficit courant devrait se réduire en 2018 en raison de l’activité du canal dopée par son expansion, ainsi que par la reprise du commerce mondial. La croissance plus forte en Amérique Latine favoriserait les exportations, et ce malgré le dynamisme modéré des États-Unis et l’appréciation du dollar US, la monnaie du pays. Par ailleurs les exportations se diversifieraient davantage avec l’ouverture d’une nouvelle mine de cuivre. Néanmoins, les importations demeureraient importantes compte tenu du contenu en importations des investissements. Les IDE (constitués essentiellement de profits réinvestis) devraient rester dynamiques et financer le déficit courant, mais resteraient vulnérables à une modification par les États-Unis des règles d’imposition des sociétés. La balance des revenus resterait déficitaire en raison du paiement des intérêts de la dette détenue par les créanciers étrangers et les rapatriements de dividendes par les sociétés étrangères.

UNE FRAGILE MAJORITÉ PARLEMENTAIRE ET DES PROGRÈS EN TERMES DE TRANSPARENCE POST « PANAMA PAPER »
Le Président Juan Carlos Varela du parti de centre-droit Partido Panamañista (PP), au pouvoir depuis le 1er juillet 2014, a dû conclure un accord avec l’opposition de centre-gauche du Partido Revolucionario Democrático (PRD), lui conférant une majorité parlementaire avec 49 sièges sur 71. La popularité du président s’affaiblit, et les prochaines élections législatives et présidentielles auront lieu en mai 2019 (le président sortant ne pourra pas se représenter). Les inégalités de revenus sont très fortes. La redistribution est entravée par la rareté des recettes budgétaires (9 % du PIB).
Sur le plan externe, alors que le scandale des « Panama Papers » qui a éclaté en avril 2016 avait suscité de nombreuses réactions internationales envers le système fiscal panaméen, le risque de réputation ne semble pas avoir affecté significativement l’attractivité du pays vu le nombre important de multinationales qui ont implanté leur siège régional dans le pays en lien avec le statut exonératoire de siège régional de multinationale (SEM). Le pays a accru la transparence financière et la lutte contre la fraude fiscale en signant notamment la convention d’assistance administrative mutuelle (MAC). Ces progrès lui ont permis en juin 2017 de sortir de la liste des pays non coopératifs établie par l’OCDE : le pays figure désormais dans la catégorie des pays qui respectent « largement les critères » exigés par l’organisation. En revanche, l’exécution des contrats et le traitement de l’insolvabilité ne sont pas satisfaisants d’après les enquêtes de la Banque mondiale.
En outre, le pays, l’un des plus compétitifs d’Amérique Latine, a signé de nombreux accords de libre échange (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique), ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale. Une matérialisation du risque protectionniste pourrait cependant avoir un impact non négligeable sur l’économie. 

Dernière mise à jour : Janvier 2018

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Panama


mercredi 6 juin 2018

Le commerce extérieur du Panama et de la Zone libre de Colon


AMBASSADE DE FRANCE AU PANAMA SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL 
Le Chef de service A Panama, le 17 avril 2017 Rédacteur : Julien DEFRANCE 

NOTE Objet : Le commerce extérieur du Panama et de la Zone libre de Colon en 2016. 

Le commerce extérieur global se contracte en 2016, tant en raison d’exportations en baisse et de chute en valeur des importations, qu’en conséquence de l’effondrement continu de l’activité de la zone franche de Colon. Le marché panaméen reste profondément déficitaire en biens (-11 Md USD). 

1. Les caractéristiques fondamentales du commerce panaméen inchangées en 2016. 
Les importations du marché domestique connaissent un recul de -3,6 % en valeur CAF, à 11,7 Md USD. La part de marché des Etats-Unis demeure à peu près stable à 25,57 % des importations panaméennes, alors que celle de la Chine recule modérément, à 9,15 %. Le pays étant presque entièrement dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement, la structure de son commerce extérieur n’évolue pas ou peu. La baisse d’ensemble est liée aux différents types de carburants, intégralement importés. Ainsi, le diesel (492 M USD, -46,6 %) et l’essence (283 M USD, -21 %) peuvent expliquer une grande partie de la diminution. Ces carburants viennent en partie des Etats-Unis mais majoritairement de la zone franche pétrolière nationale qui fait figure de second fournisseur du pays avec une part de marché de 9,3 %. De la même façon, la zone libre de Colon fournit 8,3 % du marché domestique, dont elle est un pourvoyeur traditionnel de produits chimiques, cosmétiques, pharmaceutiques ou textiles en provenance notamment d’Asie et d’Europe. Un troisième groupe de zones libres, les zones franches de transformation, continue de progresser avec 2,7 % de part de marché, occupant la 9 ème position globale. Ce groupe concerne surtout l’activité de la zone de Panama Pacifico à la croissance très rapide et au chiffre d’affaires estimé supérieur à 1 Md USD. 
Les autres principaux fournisseurs du marché panaméen sont régionaux : Mexique (5,3 %), Costa Rica (3,9 %) et Colombie (3,1 %) avec, au moins pour le deuxième, un rôle important dans la fourniture des très nombreux produits vivriers localement inexistants. L’Asie complète les dix premières positions avec la Corée et le Japon (environ 2,7 % chacun). L’Espagne, en 11ème position et très bien implantée, est logiquement le premier fournisseur européen (2,3 %) juste devant l’Allemagne (2,2 %). Avec 1,1 % de parts, la France occupe la 17ème position, soit un recul de trois places sur un an (1,2 % en 2015), tout en demeurant le 4 ème Européen, derrière encore l’Italie (1,5 %). 
A 636 M USD, la valeur FAB des exportations panaméennes recule une nouvelle fois en 2016 (-8,6 %). Les Etats-Unis sont le premier marché d’export (20,3 %), devant les Pays-Bas (15,2 %) qui, très loin devant tout autre pays européen, font figure de point d’entrée portuaire vers le marché de l’UE, notamment pour les bananes. La Chine continentale (5,6 %) et Taïwan (4,2 %), que continue de reconnaître le pays, sont d’autres débouchés non négligeables. Individuellement, les bananes sont le premier produit d’exportation, vendues pour 88,8 M USD (-7,5 %), à plus de 80 % aux Pays-Bas mais plutôt à destination finale du marché allemand. Les produits de la pêche, pris dans leur globalité, sont le principal groupe à l’export. En leur sein, les poissons1 (54,4 M USD, -24 %) et les crevettes (38,9 M USD, -28,3 %) sont des composantes importantes. Plusieurs postes de produits dérivés sont significatifs, comme les farines de poissons (26,3 M USD, +3 %). Viennent ensuite les bois (46,5 M USD, -13,2 %). Le potentiel du terroir local en matière de café est peu exploité (25 M USD, +4 %). Le rhum panaméen connait un succès modeste (8,4 M USD) malgré sa qualité. 


(1 Classification générale qui exclut un certain nombre d’espèces locales comptabilisées individuellement et qui feraient nettement augmenter le chiffre global si elles étaient intégrées.)


Le pays équilibre plutôt ses comptes extérieurs par l’investissement étranger et le commerce de services (Canal, deux premiers ports d’Amérique latine, centre financier, de services aux entreprises, logistique, aéroportuaire, tourisme naissant) que par les ventes de biens. Un important investissement canadien (First Quantum) dans une exploitation de cuivre sur la côté caribéenne pourrait valoir un triplement voire un quadruplement aux exportations à moyen terme. Il pourrait démarrer ses opérations dès 2018. 

2. La zone franche de Colon n’a pas encore touché le fond. 
En recul de 35% depuis 2012, l’activité de la Zone libre de Colon (ZLC) a une nouvelle fois sévèrement chuté en 2016 (-8,4 % de réexportations, à 10,4 Md USD2 ). La ZLC continue de se fournir essentiellement en Chine continentale (31,3 % du total) et à Singapour (18,9 %). Viennent plus loin les Etats-Unis (9,1 %) et le Mexique (5,2 %). La France fait partie du groupe des fournisseurs se situant entre 1,5 et 3,5 % de parts de marché et occupe la 8 ème position (2,2 %), doublée en 2016 comme premier Européen par la Belgique3 (7ème , 2,4 %). Si l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord apportent 92,5 % des marchandises, l’essence de l’activité de la ZLC reste la réexportation vers son voisinage latino-américain et caribéen qui capte 89,7 % des ventes. Avec 1,7 Md USD et 16,7 % des exportations, Porto Rico conserve le premier rang, en raison de l’utilisation dans son industrie pharmaceutique de produits chimiques importés via Colon depuis l’Asie. La Colombie demeure deuxième (10 %), en dépit d’un différend commercial majeur qui perdure autour de textiles et chaussures d’origine chinoise, sur lesquels le pays voisin impose des surtaxes dont la légalité est en cours d’examen par un panel de l’OMC. Le marché domestique panaméen reçoit 9,3 % des réexportations de Colon. Le Costa Rica devient 4 ème (6,7 %) et le Venezuela, auparavant l’un des débouchés les plus significatifs, continue d’être marginalisé (5,7 %), faute d’avoir pu pendant des années liquider ses nombreux arriérés envers la ZLC. Vient ensuite la République dominicaine (5,1 %). Les clients suivants sont essentiellement centraméricains et andins, et constituent un groupe de huit pays qui acquiert individuellement 2 à 4,5 % des ventes de la ZLC. 

Une grande partie des produits réexportés depuis Colon sont les produits des industries chimiques : 4 Md USD, 38,6 % de la valeur totale. Elles vont majoritairement vers l’industrie portoricaine, secondairement vers d’autres marchés transformateurs comme le Japon. Le groupe des produits chimiques comprend aussi les produits pharmaceutiques. La catégorie la plus ample et moins spécifique des « médicaments » regroupe 1,2 Md USD d’importations et 1,45 Md USD de réexportations en 2016. Les fournisseurs sont multiples et dominés par le Mexique (349 M USD). La France en est le 10ème pourvoyeur. Leur débouché principal est l’Amérique centrale et les Caraïbes. Le groupe des machines, appareils électriques et audiovisuels vient en seconde position, avec 1,8 Md USD de réexportations. Ces marchandises regroupent un grand nombre de lignes et viennent en général d’Asie, particulièrement de Chine. Les produits textiles sont exportés pour 1,5 Md USD. La Chine en est un gros fournisseur et la Colombie un important client, malgré le différend commercial évoqué supra. Il en va de même de la catégorie qui regroupe la cordonnerie, la chapellerie, et d’autres articles divers (896 M USD de réexportations). Viennent ensuite les produits des industries agroalimentaires (497 M USD), pour lesquels les pays régionaux, Panama compris, sont à l’inverse les premiers fournisseurs, tout en étant clients. Les matières plastiques et caoutchouteuses apportent 352 M USD de chiffre d’affaires à la zone franche. 

(*** 2 Ce chiffre est curieusement à considérer comme brut, puisqu’une somme de lignes de « retours de marchandises » atteint 105 M USD et est intégrée dans l’ensemble.
 3 Comme pour les Pays Bas, l’expédition de marchandises par les ports belges est susceptible de surestimer la part de marché de la Belgique.)

Les dernières données disponibles indiquent une amorce d’inflexion dans l’effondrement de la ZLC. Il est possible qu’elle ait fini par digérer le sinistre de la marginalisation du partenaire historique vénézuélien et la dispute commerciale colombienne mais ceci reste à confirmer. Le problème de fond demeure une crise de reconversion. 

Le Panama exporte l’équivalent de 5,4 % de ses importations et a réduit en 2016 ses très maigres exportations en volume et en valeur. L’essentiel des politiques publiques reste focalisé, hors investissement canadien dans le cuivre, sur le secteur dynamique des services qui continueront de compenser un déficit commercial qui restera abyssal tant que les exportations de ce métal n’auront pas commencé. 

Patrick HERVE 

Annexe 1: Principaux débouchés de la Zone libre de Colon en 2016 et évolution. Principaux partenaires Exportations en valeur (FAB) Part dans le total Variation nominale/2015 Porto Rico 1 728 354 325 16,6% -11% Colombie 1 049 834 671 10,1% -29% Panama 968 202 476 9,3% -9% Costa Rica 698 507 661 6,7% 9% Venezuela 595 899 173 5,7% -20% République dominicaine 535 245 073 5,1% -2% Guatemala 464 507 593 4,5% -4% Etats Unis 422 630 563 4,1% -21% Honduras 383 534 592 3,7% 1% Nicaragua 339 955 175 3,3% 2% El Salvador 332 689 481 3,2% 11% Equateur 316 713 404 3,0% -23% Pérou 284 234 816 2,7% 44% Cuba 256 688 633 2,5% -8% Chili 249 950 624 2,4% -1% Sources : Douanes panaméennes. Annexe 2: Principaux fournisseurs, notamment européens, du marché domestique et de la ZLC. Sources : Douanes panaméennes. Marché domestique (11,7 Md USD importés en 2016) ZLC (9,24 Md USD importés en 2016) 2015 2016 2015 2016 France 1,19% 1,17% 2,79% 2,28% Etats-Unis 25,85% 25,57% 8,88% 9,10% Chine (continentale) 9,55% 9,15% 34,05% 31,33% Colombie 2,98% 3,10% 1,02% 1,07% Espagne 2,82% 2,34% 0,95% 1,16% Allemagne 2,32% 2,16% 1,59% 1,60% Italie 2,24% 1,47% 1,51% 1,51% Pays Bas 0,53% 0,96% 0,87% 0,83% Grande Bretagne 0,75% 0,60% 1,60% 1,58% Belgique 0,41% 0,45% 2,27% 2,43%

jeudi 24 mai 2018

Panama Information Pays


Le Panama, petite économie de près de 4 M d’habitants, bénéficie d’une situation géographique avantageuse l’ayant incité à se spécialiser dans les services (près de 80% du PIB). L’économie repose sur trois piliers : la Zone franche de Colón (2ème plate-forme de redistribution de biens de consommation au monde), le Centre Bancaire International (93 banques - 118 Md USD d’actifs, soit 227% du PIB) et les services maritimes (Canal et infrastructures portuaires et de logistique, pavillon de complaisance, etc.). Le Panama capte 5% du commerce maritime mondial (hors pétrole) et 31% du commerce Asie-Pacifique/côte Est des États-Unis ; on peut désormais y ajouter, comme facteur d’expansion, le hub aérien des « Amériques » de la compagnie Copa Airlines, entreprise fleuron du pays.
Malgré sa taille, le pays centre-américain abrite plusieurs grands projets, ce qui en fait un marché convoité par les investisseurs étrangers : le 3ème jeu d’écluses sur le Canal de Panama a commencé ses opérations commerciales en juin 2016 avec en corollaire des projets portuaires et de ponts; métro de la capitale avec un plan directeur de 4 lignes d’ici 2025 (la 2ème ligne à un avancement de 45% à la mi-2017). Cette croissance économique s'appuyant sur les investissements publics et le commerce extérieur a rapidement repris malgré un ralentissement suite à la crise de 2008-2009. Le PIB est passé de 13 Md USD en 2003 à 55 Md USD en 2016. Le PIB/hab. nominal (13 654 USD en 2016), est l’un des plus élevés d’Amérique latine : en parité de pouvoir d’achat, il est le 2ème d’Amérique latine, de 23 000 USD, derrière celui du Chili. Le pays a enregistré un taux de croissance de plus de 8% en moyenne sur la dernière décennie et +5,8 % en 2015. En 2016, la croissance a ralenti à +4,9 %. Cela s’explique principalement par la baisse d'activité de près de 10% du Canal et de la Zone Franche de Colon liée au ralentissement économique international et particulièrement de ses voisins. La croissance devrait être supérieure en 2017, prévue à +5,8 % par le gouvernement et le FMI. Elle serait portée par l’activité du Canal élargi, le projet minier (d’une valeur de 5,5 Md USD, Minera Panama, filiale du canadien First Quantum ; finalisation attendue pour 2018) ainsi qu’un grand nombre de projets d’investissements. Le pays étant dollarisé (absence de Banque centrale et donc de politique monétaire), seule la politique budgétaire permet d'influer sur une croissance  qui est revenue de la surchauffe. Les équipes du FMI ont notamment plaidé depuis 2014 pour un resserrement budgétaire afin de calmer la hausse des prix, l'endettement public et les déficits du compte courant,  récurrents mais en diminution (-5,8 % du PIB en 2016 pour -6,5 % en 2015). Bénéficiant de la hausse du dollar, l’inflation, traditionnellement faible, mais qui s’était inscrite en hausse depuis 2005, est revenue à 0,7 % en 2016. Elle devrait, cependant, accélérer en 2017, avec la remontée des prix du pétrole, autour de  2 % selon le FMI.
Le « plan quinquennal » d’investissements publics 2015-2019 (19,5 Md USD), vise à alléger la dépendance de l’économie vis-à-vis du Canal et à faire du pays un centre régional de logistique multimodal et « multi-secteurs » (développement de « clusters »), mais aussi une plate-forme régionale de développement des affaires compétitive. Si les activités autour du Canal restent l’un des meilleurs atouts du pays, l’essor de nouvelles filières est à l’ordre du jour : le tourisme et le secteur minier (cuivre, surtout).  Malgré la promulgation d'une loi de responsabilité budgétaire qui fixe  entre autres un objectif d'excédent primaire, un seuil maximum de déficit budgétaire de 1% du PIB et une dette publique maximum de 40% du PIB, le Panama peine à respecter cette loi et a multiplié les exemptions. Les autorités ont créé en 2012 un « fonds souverain », initialement abondé à hauteur de 1,2 Md USD par l’actuel Fonds fiduciaire au développement (FFD) puis, dès 2015, par les revenus excédentaires du canal (au-delà de 3,5% du PIB) qui n’atteindront pas ce seuil fatidique avant 2021 au mieux. En 2016, la dette publique représente 39 % du PIB. Elle est sur une trajectoire descendante selon les projections du FMI. La dette est en lien avec la dynamique de croissance (grands chantiers, investissements et consommation privés), dans un contexte de déficit budgétaire en réduction sensible, à 1,9 % du PIB en 2016 (après -2,3 % PIB en 2015).
Sur le plan externe, les déficits extérieurs devraient diminuer à mesure que les grands travaux publics s’achèvent. Le déficit du compte courant est largement financé par les IDE (9,5 % du PIB) qui sont les plus élevés de la région Amérique centrale (44% du total régional) et les 7èmes à l’échelle de l’Amérique latine (après le Brésil, le Mexique, le Chili, la Colombie, l’Argentine, le Pérou). Les IDE se sont élevés en 2016 à 5,2 Md USD (+16 % par rapport à 2015). Au 1er trimestre 2017, ils atteignaient 1,315 Md USD, soit en hausse de +10,3 % par rapport à la même période un an plus tôt.
Le pays a poursuivi son ouverture au commerce mondial en signant de nouveaux accords de libre-échange (ALE) avec des partenaires de premier plan (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique) ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale, dont le volet commercial est entré en vigueur en août 2013. L’ALE signé en 2014 avec le Mexique lui ouvre la voie à une adhésion à l’Alliance du Pacifique, néanmoins l’accord avec la Colombie n’est toujours pas ratifié. Par ailleurs, l’OMC a donné raison à Panama pour la dispute commerciale concernant les droits douanes imposés par la Colombie sur les produits de la Zone franche de Colon. Enfin, un autre accord a été finalisé avec Israël et les négociations Amérique centrale-Corée du Sud sont stabilisées et en attente de signature.
Si le Panama a largement dominé les classements de la croissance en Amérique latine au cours de ces dernières années, une grande partie des bénéfices de cette croissance a été captée par les catégories les plus aisées de la population. Le taux de pauvreté est certes en baisse (22,1 % de la population en 2016 contre 23 % en 2015), mais les inégalités restent élevées en matière d'éducation, de santé et d'accès aux services basiques, en particulier dans les provinces autonomes à majorité indienne. La mise en place d'un développement plus durable bénéficiant à un plus grand nombre reste un défi à relever. Le ralentissement de la croissance en Amérique latine, couplé au resserrement nécessaire des dépenses publiques font également peser une nouvelle contrainte sur le pays.
La transparence financière reste un enjeu de poids pour le Panama qui dépend fortement des investissements étrangers et a su créer un centre financier crédible et performant. Les révélations des « Panama Papers » ont dévoilé les pratiques des avocats d’affaires panaméens et le pays a été rétabli sur la liste française des Etats non coopératifs. Les effets « réputationnels » directs sur l’économie panaméenne sont pour l’heure très limités. Ces évènements ont cependant conduit les autorités à réagir. Panama a ainsi ratifié la convention d’assistance administrative mutuelle pour l’échange d’informations fiscales et deux lois fondamentales pour permettre la transparence financière sont entrées en vigueur. L’évaluation du GAFILAT en 2017 va mesurer l’engagement du pays pour faire face aux risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Enfin, à l’issue de la procédure accélérée d’examen par le Forum mondial de l’OCDE, en 2017, le Panama a provisoirement obtenu une notation largement conforme, qui écarte de façon temporaire le risque d’inscription sur une virtuelle liste noire internationale.


mardi 23 avril 2013

Panama au Ve Forum économique international Amérique latine et Caraïbes


Ve Forum économique international Amérique latine et Caraïbes

Vème Forum économique internztional Amérique latine et Caraibes
La cinquième édition du Forum économique sur l’Amérique latine et les Caraïbes organisé par la DG Trésor, la Banque interaméricaine de développement (BID) et le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), s'est tenue à Bercy le 31 mai 2013. Véritable enceinte de réflexion et de débat sur les grands enjeux économiques de l’Amérique Latine et des Caraïbes ce forum de très haut niveau est l’un des rares au monde permettant à 500 personnes, et des milliers à travers sa diffusion en direct sur Internet, spécialistes ou pas, d’accéder gratuitement aux problématiques de la région à travers ses acteurs. La précédente édition a accueilli la Présidente du Costa Rica, l’ancienne Présidente du Chili et sept ministres des finances des deux côtés de l’Atlantique. Elle a permis des échanges pertinents sur les perspectives macroéconomiques de la région, les politiques stimulant la productivité ou favorisant la croissance inclusive.

Encourager l’entreprenariat pour favoriser la compétitivité - Promouvoir le développement des PME en Amérique Latine et aux Caraïbes

Cette année, le Forum a abordé en particulier les perspectives d’évolution économique de l’Amérique latine et des Caraïbes et s’est attaché notamment aux problématiques de développement des entreprises de la région. Il témoigne d’une volonté forte de resserrer les liens entre les différents acteurs européens et latino-américains, et a compté sur la présence des institutions de financement telles la CAF, la BID, l’OCDE, ainsi que sur celle des décideurs du plus haut niveau parmi lesquels plusieurs ministres desFfinances de pays en pleine expansion économique et dont la croissance attendue est forte, tels le Chili (5%), le Pérou (6,3%), ou encore le Panama (9%).
...
Cette année, l’invité spécial M. Ricardo Martinelli, Président de la République du Panama, est intervenu pour conclure le Forum à l’issue d’une journée riche, intense, et captivante. 

Intervention en vidéo de Claire Waysand

https://www.tresor.economie.gouv.fr/7008_ve-forum-economique-amerique-latine-caraibes

mercredi 20 février 2013

Visite de Laurent Fabius au Panama (22-23.02.2013)


« L’Amérique latine : un objectif majeur de notre politique étrangère » tribune de Laurent Fabius dans le Figaro (20 février 2013)

"À partir du 21 février, je me rends dans trois pays d’Amérique latine - Colombie, Panama, Pérou - pour travailler à la relance de nos relations avec ce continent. Mon déplacement dans la région, après ceux du président et du premier ministre, a un sens clair : nous voulons un rapprochement durable avec l’Amérique latine, qui constitue désormais un objectif majeur de notre politique étrangère. 

Ces dernières années, la France a souhaité cultiver ses relations avec quelques grands pays latino-américains, notamment le Brésil - c’était nécessaire -, mais pas assez avec les autres. L’élection de François Hollande a provoqué dans cette région un réel intérêt : nombreux sont ceux attentifs au projet politique que nous portons, à l’engagement qui est le nôtre pour la solidarité et la justice, à la défense des droits de l’homme, à la promotion de la démocratie. Il existe donc une « fenêtre d’opportunité » pour renforcer nos relations avec ce continent dont le poids dans le monde s’affirme. 

Or, depuis une décennie, l’Amérique latine connaît une croissance soutenue, aujourd’hui autour de 4 %, parfois même beaucoup plus (Panama). Les pays qui la composent sont généralement parvenus à assainir leur situation budgétaire, ils cherchent à agir pour que leur développement profite à l’ensemble de la population. Ils peuvent s’appuyer pour y parvenir sur d’importantes réserves de matières premières (Pérou), sur une véritable classe moyenne, sur leur jeunesse, sur leur ouverture au monde. Il leur reste évidemment des faiblesses, notamment en matière d’infrastructures, de services publics, de formation, d’inégalités. Mais, forts de leur croissance, de nombreux pays latino-américains s’affirment politiquement, par exemple le Brésil, le Mexique ou l’Argentine, tous trois membres du G20, mais aussi la Colombie ou, d’une autre façon, le Venezuela. 

Tout nous incite à renforcer la présence française. Nous disposons d’atouts importants. Notre pays y a exercé dans le passé une influence notable. La Révolution française a inspiré de nombreux mouvements de libération. Le droit, la science, la médecine ont été traditionnellement tournés vers nous. La culture française a laissé une empreinte forte, notamment grâce aux élites locales massivement francophones jusqu’au milieu du XXe siècle. Et cependant, malgré ces atouts, notre pays a trop longtemps donné le sentiment de délaisser ce continent. 

Ce sentiment, je veux montrer qu’il est désormais sans aucun fondement. Je pars pour l’Amérique latine avec la volonté d’inscrire expressément notre relation dans une nouvelle perspective continentale et partenariale de long terme. Continentale, car nous avons vocation à travailler avec l’ensemble des pays de cette région, sans laisser entendre - maladresse qui n’a pas toujours été évitée - que seuls les plus grands méritent notre intérêt. Partenariale, parce que notre relation doit être d’égal à égal et rejeter toute forme d’arrogance. 
...

jeudi 18 octobre 2012

Panama ou Manhattan-sur-Pacifique?

 
OPPORTUNITÉS Mercredi 17 octobre 2012

L’essor économique du Panama attire les banquiers suisses

Alexis Masciarelli Panama City
 

Le Panama, avec ses incitations fiscales, attire beaucoup de monde ces temps-ci: des multinationales, des retraités en quête de soleil, et des investisseurs cherchant des opportunités, notamment dans la bulle immobilière de la capitale qui lui donne des airs de Manhattan-sur-Pacifique.
Dernier arrivé de marque: PKB. C’est la première banque privée suisse à ouvrir un «banking centre» à Panama City. Ses dirigeants attendant l’obtention de toutes leurs licences pour commencer officiellement leur activité. UBS a bien également une représentation ici, mais c’est essentiellement un tremplin pour attirer des clients vers la Suisse. L’arrivée au Panama de PKB, avec des cadres suisses, intervient dans la logique inverse qui voit les avoirs et le savoir-faire bancaire suisses partir à l’étranger.
«Ils partent parce que la Suisse s’est tiré une balle dans le pied en voulant changer trop rapidement les règles sur l’argent propre», estime Giuseppe a Marca, le patron suisse de GAM & Partners, spécialisé dans la gestion de patrimoines familiaux supérieurs à 50 millions de dollars et installé à Panama City depuis un an. «Pour beaucoup de ceux qui veulent quitter la Suisse, c’est plus facile d’aller à Londres, à Miami ou même à Singapour, poursuit cet ancien d’UBS et de Credit Suisse. Il y a aussi du mouvement au Panama, mais il faut aimer l’exotisme.»
Ce mouvement est parti pour durer, selon un autre gérant de fortune suisse, qui a facilement obtenu la résidence panaméenne voilà deux ans. Il a tiré avantage d’une loi offrant un visa de résident à quiconque achète un bien immobilier d’au moins 300 000 dollars dans le pays. Sous couvert d’anonymat, il considère le Panama comme sa sortie de secours. «Je ne veux pas arriver au jour où l’on me demandera en Suisse de dénoncer mes clients dont l’argent n’est pas déclaré. Aujourd’hui, les autorités de contrôle veulent tout savoir. Elles peuvent me demander quelle était la couleur du string de la grand-mère de mon client, alors qu’il n’y avait pas encore de strings à l’époque de la grand-mère!» Mais pourquoi avoir choisi le Panama? «Parce qu’au Panama, je pourrai travailler en liberté. Je n’y paie ni impôt sur la fortune, ni impôt sur mes revenus à l’étranger. Mais attention, ce n’est pas un paradis fiscal artificiel tel que l’on peut s’imaginer une île des Caraïbes. Il y a une économie derrière, même si elle a beaucoup de défauts. Si on vient au Panama et que l’on est un tant soit peu entrepreneur, il y a tellement à faire. Dans dix ans, s’ils font les choses correctement, ils seront le Hongkong de l’Amérique latine.»
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C’est sur ce terreau fertile que s’implantent de nombreuses multinationales. Procter & Gamble, Total ou Sanofi y ont récemment établi leurs sièges régionaux, profitant d’une loi votée en 2007, offrant d’importants avantages fiscaux. «Je me suis inspiré de ce que faisait Singapour: les objectifs principaux étaient de créer des emplois et de faire venir du savoir-faire dans le pays», explique Eduardo Morgan Jr, puissant avocat fiscaliste et un des auteurs du texte de loi. Les sociétés qui s’installent ici ne paient pas de taxe sur leurs activités réalisées à l’étranger, elles ne paient pas de charges sociales pour leurs expatriés et ces derniers sont exempts d’impôt sur le revenu. «On a choisi le Panama pour sa situation géographique centrale, pour sa sécurité, pour la compagnie aérienne Copa qui a des vols quotidiens vers tous les pays du continent et, ce qui a vraiment fait la différence, ce package fiscal très attractif», reconnaît John Guttery, président pour l’Amérique latine de Hilti, une entreprise liechtensteinoise d’outillage pour la construction, qui a abandonné son siège régional aux Etats-Unis en 2010.
Depuis le début de l’année, plus de 260 000 emplois ont été créés, selon le Ministère panaméen du travail. Loin d’être négligeable dans un pays de 3,5 millions d’habitants, surtout en Amérique centrale, où les difficultés économiques s’ajoutent souvent aux violences liées à la drogue.
Malgré cela, certains condamnent l’attitude autoritaire du président Ricardo Martinelli, élu en 2009. Ils l’accusent de gérer le pays en ne pensant qu’à court terme, en gonflant artificiellement la croissance avec une série de projets de construction «pharaoniques». «Beaucoup de gens au gouvernement ont perdu la notion de conflit d’intérêts», s’inquiète un directeur de banque panaméen. «On attribue des chantiers à droite, à gauche, avec d’énormes commissions, en toute impunité. Tant que des emplois sont créés, les gens se taisent. C’est notre mentalité mercantiliste. Mais quand on va passer de 10 à 5% de croissance, cela aura l’effet d’une récession. Tout le pays risque de souffrir.»
 
Texte complete LeTemps.ch
 
 
 
 
 

mercredi 25 juillet 2012

Panama: Information pays

Le Panama, petite économie émergente de 3,5 M d’habitants, bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle l’ayant incité à se spécialiser dans les services (80% du PIB). L’économie repose sur trois piliers : la Zone franche de Colón (2ème plate-forme de redistribution de biens de consommation au monde), le Centre Bancaire International (100 banques/82 Mds USD d’actifs) et les services maritimes (Canal et infrastructures portuaires et de logistique, pavillon de complaisance, etc.). Le Panama capte 4,5% du commerce maritime mondial et 31% du commerce Asie-Pacifique/côte Est des Etats-Unis ; on peut désormais y ajouter, comme facteur d’expansion, le hub aérien des « Amériques » de la compagnie Copa Airlines, entreprise fleuron du pays.

Il est ainsi devenu, malgré sa taille, l’un des pays prometteurs de la région latino-américaine et les grands projets sont des cibles de plus en plus convoitées par les investisseurs étrangers : construction d’un 3ème jeu d’écluses sur le Canal de Panama qui doublera sa capacité, avec en corollaire des projets portuaires et de ponts ; métro avec un plan directeur de 4 lignes d’ici 2025,…Cette singularité explique sans doute que le Panama n’ait été que marginalement impacté par la crise de 2008-2009. Le PIB, qui a franchi la barre des 30 Mds USD fin 2011(PIB/habitant de 8626 USD), a enregistré un taux de croissance de 7,5% en 2010, 10,6% en 2011 et l’on prévoit 7,5% pour 2012. Cette dynamique est tirée par la consommation domestique, irriguée par le crédit bancaire local (solide, bien supervisé et peu exposé à l’extérieur) et le BTP (7 Mds USD en projets d’investissements privés sur 2012-2014). En bémol, l’inflation, traditionnellement faible, s’est inscrite en hausse depuis 2001 et finirait à 5,5% cette année (5,9% en 2011) ; or les autorités, dans une économie dollarisée, n’ont aucune marge de manœuvre en matière de politique monétaire, leur seul levier en matière de politique économique demeurant la politique budgétaire, laquelle est actuellement expansionniste.

Le « plan quinquennal » d’investissements publics 2009-2014 (13 Mds USD), vise à alléger la dépendance de l’économie vis-à-vis du Canal et à faire du pays un centre régional de logistique multimodal et « multi-secteurs » (développement de « clusters »), mais aussi une plate-forme régionale de développement des affaires compétitive. Si les travaux sur le Canal restent l’un des meilleurs atouts du pays (état d’avancement : 38%), l’essor de nouvelles filières est à l’ordre du jour : le tourisme (2 M de visiteurs en 2011) et secteur minier (cuivre, or) avec, pour ce dernier, des sites de taille mondiale. La part élevée de l’investissement public dans cet ensemble est compensée par un meilleur ciblage des dépenses de subventionnement et par une réforme budgétaire qui permet non seulement de contenir l’ampleur du déficit -loi de responsabilité budgétaire qui oblige chaque année à dégager un excédent primaire et un déficit budgétaire de 1% du PIB ou moins sauf exceptions-, mais également d’améliorer le taux de collecte et de pression fiscale. Contrairement à certains clichés, le Panama dispose d’un vrai système fiscal, relativement bien structuré. Les autorités entendent créer en 2012 un « fonds souverain » qui pourrait être initialement abondé à hauteur de 1,2 Mds USD par l’actuel Fonds fiduciaire au développement (FFD) puis, dès 2015, par les revenus excédentaires du canal (au-delà de 3,5% du PIB). La création de ce fonds, votée fin mai par le Parlement, a suscité une controverse dans la mesure où le gouvernement a introduit dans le même débat une demande de dérogation visant à relever le niveau de déficit budgétaire plafond. L’endettement public reste stable en 2011 (41,7% à 12,8 Mds USD) après s’être accru en 2010. Egalement en vertu de la loi de responsabilité budgétaire, le gouvernement s’est engagé (depuis 2008) à le ramener à 37% d’ici 2014.

Sur le plan externe, la dynamique de croissance tient à la forte intégration au commerce mondial -les échanges du pays totalisant, en 2011, 12 Mds USD pour le marché domestique (+ 22%) et 29 Mds USD pour la Zone franche de Colón (+ 35%), en forte progression ces dernières années- et aux flux croissants d’IDE entrants (2,8 Mds USD en 2011, soit + 19%, 1er pays récepteur de l’Amérique centrale et de la Caraïbe). Ces performances s’expliquent par une politique continue d’ouverture en matière d’échanges de biens et de services : trois nouveaux accords de libre-échange ou d’association entreront en vigueur en 2012 et 2013 (Etats-Unis, Canada et l’accord d’association UE-MCCA + Panama). L’ALE avec le Pérou est entré en vigueur le 1er mai 2012, des négociations avec la Colombie se poursuivent et sont programmées avec la Corée du Sud. Le déficit croissant (hors Zone Franche de Colón) de la balance commerciale (importations liées aux grands travaux et à la consommation intérieure) -22% du PIB en 2011- n’est pas totalement compensé par l’excédent de la balance des services, mais le solde négatif de la balance courante (12,3% du PIB en 2011) est largement financé par les IDE (9% du PIB) et les émissions de dette.

Champion de la croissance dans la région, le présent est radieux pour Panama. Néanmoins, il lui appartient de faire durer cet état de grâce et de parvenir impérativement, au cours de la période 2012/14, à mener à bien et dans les temps ses grands chantiers d’infrastructures physiques. Il en va du bilan politique qui sera fait de la présidence Martinelli, à la veille de la prochaine élection présidentielle (mai 2014), mais également de la capacité du pays à soutenir une croissance forte et durable, à contenir ses déficits jumeaux et à les financer. Ceci implique le maintien de la discipline budgétaire, la mise en place de moyens et une réelle volonté politique permettant, d’une part, la poursuite de la diversification de l’économie (sans oublier le renouveau de l’agriculture, laissée pour compte depuis des années) et, d’autre part, la réforme qualitative des systèmes d’éducation et de santé publique, à la hauteur du Tigre singapourien auquel Panama aime à se comparer fréquemment.

Le Service Economique Régional de Panama a la responsabilité du suivi macroéconomique et financier du Panama, des pays andins et des multiples Etats de la Caraïbe. Il élabore des notes d’analyse sur le risque-pays, les systèmes financiers, les grandes problématiques monétaires et de change. Il contribue à la préparation des instructions pour nos Administrateurs au sein des institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale, Banque Interaméricaine de Développement) ainsi que pour la Représentation permanente de la France à Bruxelles auprès de la Commission Européenne. Il entretient des relations étroites avec les Services économiques de la région (La Havane, Bogota, Lima, Saint Domingue, Caracas, Port au Prince) et leurs antennes (Quito, La Paz, Port d’Espagne). Ses principaux interlocuteurs dans les pays couverts sont les Ministères de l’Economie et des Finances ainsi que les Banques centrales, les économistes et les représentants des institutions financières internationales.

Le SER assure en permanence la veille sectorielle des activités les plus dynamiques de la petite économie émergente du Panama ainsi que le suivi exhaustif des nombreux grands projets d’infrastructures en cours et des grands contrats intéressant, notamment nos grands groupes du BTP et nos équipementiers (secteurs du transport, de l’énergie et de l’environnement, etc.)