AMBASSADE DE FRANCE AU PANAMA
SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL
Le Chef de service A Panama, le 17 avril 2017
Rédacteur : Julien DEFRANCE
NOTE
Objet : Le commerce extérieur du Panama et de la Zone libre de Colon en 2016.
Le commerce extérieur global se contracte en 2016, tant en raison d’exportations en baisse et de chute
en valeur des importations, qu’en conséquence de l’effondrement continu de l’activité de la zone
franche de Colon. Le marché panaméen reste profondément déficitaire en biens (-11 Md USD).
1. Les caractéristiques fondamentales du commerce panaméen inchangées en 2016.
Les importations du marché domestique connaissent un recul de -3,6 % en valeur CAF, à 11,7 Md
USD. La part de marché des Etats-Unis demeure à peu près stable à 25,57 % des importations
panaméennes, alors que celle de la Chine recule modérément, à 9,15 %. Le pays étant presque
entièrement dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement, la structure de son commerce
extérieur n’évolue pas ou peu. La baisse d’ensemble est liée aux différents types de carburants,
intégralement importés. Ainsi, le diesel (492 M USD, -46,6 %) et l’essence (283 M USD, -21 %)
peuvent expliquer une grande partie de la diminution. Ces carburants viennent en partie des Etats-Unis
mais majoritairement de la zone franche pétrolière nationale qui fait figure de second fournisseur du
pays avec une part de marché de 9,3 %. De la même façon, la zone libre de Colon fournit 8,3 % du
marché domestique, dont elle est un pourvoyeur traditionnel de produits chimiques, cosmétiques,
pharmaceutiques ou textiles en provenance notamment d’Asie et d’Europe. Un troisième groupe de
zones libres, les zones franches de transformation, continue de progresser avec 2,7 % de part de
marché, occupant la 9
ème position globale. Ce groupe concerne surtout l’activité de la zone de Panama
Pacifico à la croissance très rapide et au chiffre d’affaires estimé supérieur à 1 Md USD.
Les autres principaux fournisseurs du marché panaméen sont régionaux : Mexique (5,3 %), Costa Rica
(3,9 %) et Colombie (3,1 %) avec, au moins pour le deuxième, un rôle important dans la fourniture des
très nombreux produits vivriers localement inexistants. L’Asie complète les dix premières positions
avec la Corée et le Japon (environ 2,7 % chacun). L’Espagne, en 11ème position et très bien implantée,
est logiquement le premier fournisseur européen (2,3 %) juste devant l’Allemagne (2,2 %). Avec 1,1
% de parts, la France occupe la 17ème position, soit un recul de trois places sur un an (1,2 % en 2015),
tout en demeurant le 4
ème Européen, derrière encore l’Italie (1,5 %).
A 636 M USD, la valeur FAB des exportations panaméennes recule une nouvelle fois en 2016 (-8,6
%). Les Etats-Unis sont le premier marché d’export (20,3 %), devant les Pays-Bas (15,2 %) qui, très
loin devant tout autre pays européen, font figure de point d’entrée portuaire vers le marché de l’UE,
notamment pour les bananes. La Chine continentale (5,6 %) et Taïwan (4,2 %), que continue de
reconnaître le pays, sont d’autres débouchés non négligeables. Individuellement, les bananes sont le
premier produit d’exportation, vendues pour 88,8 M USD (-7,5 %), à plus de 80 % aux Pays-Bas mais
plutôt à destination finale du marché allemand. Les produits de la pêche, pris dans leur globalité, sont
le principal groupe à l’export. En leur sein, les poissons1
(54,4 M USD, -24 %) et les crevettes (38,9 M
USD, -28,3 %) sont des composantes importantes. Plusieurs postes de produits dérivés sont significatifs, comme les farines de poissons (26,3 M USD, +3 %). Viennent ensuite les bois (46,5 M
USD, -13,2 %). Le potentiel du terroir local en matière de café est peu exploité (25 M USD, +4 %). Le
rhum panaméen connait un succès modeste (8,4 M USD) malgré sa qualité.
(1 Classification générale qui exclut un certain nombre d’espèces locales comptabilisées individuellement et qui feraient nettement augmenter le chiffre global si elles étaient intégrées.)
Le pays équilibre plutôt ses comptes extérieurs par l’investissement étranger et le commerce de
services (Canal, deux premiers ports d’Amérique latine, centre financier, de services aux entreprises,
logistique, aéroportuaire, tourisme naissant) que par les ventes de biens. Un important investissement
canadien (First Quantum) dans une exploitation de cuivre sur la côté caribéenne pourrait valoir un
triplement voire un quadruplement aux exportations à moyen terme. Il pourrait démarrer ses
opérations dès 2018.
2. La zone franche de Colon n’a pas encore touché le fond.
En recul de 35% depuis 2012, l’activité de la Zone libre de Colon (ZLC) a une nouvelle fois
sévèrement chuté en 2016 (-8,4 % de réexportations, à 10,4 Md USD2
). La ZLC continue de se fournir
essentiellement en Chine continentale (31,3 % du total) et à Singapour (18,9 %). Viennent plus loin les
Etats-Unis (9,1 %) et le Mexique (5,2 %). La France fait partie du groupe des fournisseurs se situant
entre 1,5 et 3,5 % de parts de marché et occupe la 8
ème position (2,2 %), doublée en 2016 comme
premier Européen par la Belgique3
(7ème
, 2,4 %). Si l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord apportent
92,5 % des marchandises, l’essence de l’activité de la ZLC reste la réexportation vers son voisinage
latino-américain et caribéen qui capte 89,7 % des ventes. Avec 1,7 Md USD et 16,7 % des
exportations, Porto Rico conserve le premier rang, en raison de l’utilisation dans son industrie
pharmaceutique de produits chimiques importés via Colon depuis l’Asie. La Colombie demeure
deuxième (10 %), en dépit d’un différend commercial majeur qui perdure autour de textiles et
chaussures d’origine chinoise, sur lesquels le pays voisin impose des surtaxes dont la légalité est en
cours d’examen par un panel de l’OMC. Le marché domestique panaméen reçoit 9,3 % des
réexportations de Colon. Le Costa Rica devient 4
ème (6,7 %) et le Venezuela, auparavant l’un des
débouchés les plus significatifs, continue d’être marginalisé (5,7 %), faute d’avoir pu pendant des
années liquider ses nombreux arriérés envers la ZLC. Vient ensuite la République dominicaine (5,1
%). Les clients suivants sont essentiellement centraméricains et andins, et constituent un groupe de
huit pays qui acquiert individuellement 2 à 4,5 % des ventes de la ZLC.
Une grande partie des produits réexportés depuis Colon sont les produits des industries chimiques : 4
Md USD, 38,6 % de la valeur totale. Elles vont majoritairement vers l’industrie portoricaine,
secondairement vers d’autres marchés transformateurs comme le Japon. Le groupe des produits
chimiques comprend aussi les produits pharmaceutiques. La catégorie la plus ample et moins
spécifique des « médicaments » regroupe 1,2 Md USD d’importations et 1,45 Md USD de
réexportations en 2016. Les fournisseurs sont multiples et dominés par le Mexique (349 M USD). La
France en est le 10ème pourvoyeur. Leur débouché principal est l’Amérique centrale et les Caraïbes. Le
groupe des machines, appareils électriques et audiovisuels vient en seconde position, avec 1,8 Md
USD de réexportations. Ces marchandises regroupent un grand nombre de lignes et viennent en
général d’Asie, particulièrement de Chine. Les produits textiles sont exportés pour 1,5 Md USD. La
Chine en est un gros fournisseur et la Colombie un important client, malgré le différend commercial
évoqué supra. Il en va de même de la catégorie qui regroupe la cordonnerie, la chapellerie, et d’autres
articles divers (896 M USD de réexportations). Viennent ensuite les produits des industries
agroalimentaires (497 M USD), pour lesquels les pays régionaux, Panama compris, sont à l’inverse les
premiers fournisseurs, tout en étant clients. Les matières plastiques et caoutchouteuses apportent 352
M USD de chiffre d’affaires à la zone franche.
(***
2 Ce chiffre est curieusement à considérer comme brut, puisqu’une somme de lignes de « retours de marchandises » atteint 105 M USD et est
intégrée dans l’ensemble.
3 Comme pour les Pays Bas, l’expédition de marchandises par les ports belges est susceptible de surestimer la part de marché de la Belgique.)
Les dernières données disponibles indiquent une amorce d’inflexion dans l’effondrement de la
ZLC. Il est possible qu’elle ait fini par digérer le sinistre de la marginalisation du partenaire
historique vénézuélien et la dispute commerciale colombienne mais ceci reste à confirmer. Le
problème de fond demeure une crise de reconversion.
Le Panama exporte l’équivalent de 5,4 % de ses importations et a réduit en 2016 ses très maigres
exportations en volume et en valeur. L’essentiel des politiques publiques reste focalisé, hors
investissement canadien dans le cuivre, sur le secteur dynamique des services qui continueront
de compenser un déficit commercial qui restera abyssal tant que les exportations de ce métal
n’auront pas commencé.
Patrick HERVE
Annexe 1: Principaux débouchés de la Zone libre de Colon en 2016 et évolution.
Principaux
partenaires
Exportations en
valeur (FAB)
Part dans le
total
Variation
nominale/2015
Porto Rico 1 728 354 325 16,6% -11%
Colombie 1 049 834 671 10,1% -29%
Panama 968 202 476 9,3% -9%
Costa Rica 698 507 661 6,7% 9%
Venezuela 595 899 173 5,7% -20%
République
dominicaine
535 245 073 5,1% -2%
Guatemala 464 507 593 4,5% -4%
Etats Unis 422 630 563 4,1% -21%
Honduras 383 534 592 3,7% 1%
Nicaragua 339 955 175 3,3% 2%
El Salvador 332 689 481 3,2% 11%
Equateur 316 713 404 3,0% -23%
Pérou 284 234 816 2,7% 44%
Cuba 256 688 633 2,5% -8%
Chili 249 950 624 2,4% -1%
Sources : Douanes panaméennes.
Annexe 2: Principaux fournisseurs, notamment européens, du marché domestique et de la ZLC.
Sources : Douanes panaméennes.
Marché domestique (11,7 Md USD
importés en 2016)
ZLC (9,24 Md USD importés en
2016)
2015 2016 2015 2016
France 1,19% 1,17% 2,79% 2,28%
Etats-Unis 25,85% 25,57% 8,88% 9,10%
Chine
(continentale) 9,55% 9,15% 34,05% 31,33%
Colombie 2,98% 3,10% 1,02% 1,07%
Espagne 2,82% 2,34% 0,95% 1,16%
Allemagne 2,32% 2,16% 1,59% 1,60%
Italie 2,24% 1,47% 1,51% 1,51%
Pays Bas 0,53% 0,96% 0,87% 0,83%
Grande Bretagne 0,75% 0,60% 1,60% 1,58%
Belgique 0,41% 0,45% 2,27% 2,43%
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