mercredi 27 juin 2018

Panama - appreciation du risque

POINTS FORTS

  • Canal interocéanique et infrastructures connexes (ports, aéroports, routes, voies ferrées)
  • Dollarisation totale de l’économie et stabilité financière
  • Zone franche de Colón, 2e plateforme mondiale d’import-export
  • Centre bancaire et financier régional servi par d’excellentes télécommunications
  • Potentiel touristique

POINTS FAIBLES

  • Forte exposition à la conjoncture nord et sud-américaine
  • Lacunes en termes d’éducation et de formation professionnelle
  • Forte disparité entre la zone du canal et le reste du pays
  • Corruption et clientélisme, bureaucratie

APPRÉCIATION DU RISQUE

UNE ACCÉLÉRATION FONDÉE SUR L’ACTIVITÉ DU NOUVEAU CANAL
L’économie panaméenne affiche le plus fort dynamisme d’Amérique Latine et reste une destination attractive pour les services financiers et de transports. La croissance resterait soutenue par la demande interne. La consommation des ménages demeurerait dynamique en raison de la situation toujours très favorable sur le marché de l’emploi, la participation à la première Coupe du monde de football et l’évolution du crédit, dans un contexte où l’inflation demeurerait modérée. Néanmoins cette dynamique du crédit devrait s’affaiblir à cause de la poursuite du resserrement de la politique monétaire lié à la remontée des taux américains. En outre, le système bancaire panaméen, véritable centre financier de la région, devrait rester résilient. L’investissement privé et public (45 % du PIB) afficheraient de bonnes performances, bien que moins importantes que par le passé (achèvement de l’expansion du canal) grâce à l’activité générée par la construction de lignes de métro, d’un quatrième pont au-dessus du canal, l’achèvement de l’aéroport et le développement d’une mine de cuivre et d’or. De plus, l’activité du canal serait favorisée par la reprise des échanges extérieurs résultant du redémarrage économique en Amérique latine et plus globalement du commerce mondial. Cela devrait s’accompagner d’un développement des services financiers, logistiques et touristiques.

LES DÉFICITS SE RÉDUIRAIENT GRÂCE À L’EXPANSION DU CANAL ET À LA REPRISE DU COMMERCE MONDIAL
La situation des finances publiques poursuivrait son amélioration, toujours dans le cadre du respect des cibles budgétaires données par la loi de responsabilité budgétaire et sociale. Le projet de budget 2018 présenté en juillet 2017 affiche une hausse de 7,9 % par rapport à 2017, soit une hausse des recettes de 6,9 % (liées notamment aux revenus de péage du canal), et des dépenses de 4,2 % : presque 50 % du budget a été alloué aux programmes sociaux, mais des dépenses d’investissement importantes sont prévues, en particulier pour la réalisation des lignes 2 et 3 du métro. La dette resterait ainsi modérée et devrait continuer à diminuer.
Le déficit courant devrait se réduire en 2018 en raison de l’activité du canal dopée par son expansion, ainsi que par la reprise du commerce mondial. La croissance plus forte en Amérique Latine favoriserait les exportations, et ce malgré le dynamisme modéré des États-Unis et l’appréciation du dollar US, la monnaie du pays. Par ailleurs les exportations se diversifieraient davantage avec l’ouverture d’une nouvelle mine de cuivre. Néanmoins, les importations demeureraient importantes compte tenu du contenu en importations des investissements. Les IDE (constitués essentiellement de profits réinvestis) devraient rester dynamiques et financer le déficit courant, mais resteraient vulnérables à une modification par les États-Unis des règles d’imposition des sociétés. La balance des revenus resterait déficitaire en raison du paiement des intérêts de la dette détenue par les créanciers étrangers et les rapatriements de dividendes par les sociétés étrangères.

UNE FRAGILE MAJORITÉ PARLEMENTAIRE ET DES PROGRÈS EN TERMES DE TRANSPARENCE POST « PANAMA PAPER »
Le Président Juan Carlos Varela du parti de centre-droit Partido Panamañista (PP), au pouvoir depuis le 1er juillet 2014, a dû conclure un accord avec l’opposition de centre-gauche du Partido Revolucionario Democrático (PRD), lui conférant une majorité parlementaire avec 49 sièges sur 71. La popularité du président s’affaiblit, et les prochaines élections législatives et présidentielles auront lieu en mai 2019 (le président sortant ne pourra pas se représenter). Les inégalités de revenus sont très fortes. La redistribution est entravée par la rareté des recettes budgétaires (9 % du PIB).
Sur le plan externe, alors que le scandale des « Panama Papers » qui a éclaté en avril 2016 avait suscité de nombreuses réactions internationales envers le système fiscal panaméen, le risque de réputation ne semble pas avoir affecté significativement l’attractivité du pays vu le nombre important de multinationales qui ont implanté leur siège régional dans le pays en lien avec le statut exonératoire de siège régional de multinationale (SEM). Le pays a accru la transparence financière et la lutte contre la fraude fiscale en signant notamment la convention d’assistance administrative mutuelle (MAC). Ces progrès lui ont permis en juin 2017 de sortir de la liste des pays non coopératifs établie par l’OCDE : le pays figure désormais dans la catégorie des pays qui respectent « largement les critères » exigés par l’organisation. En revanche, l’exécution des contrats et le traitement de l’insolvabilité ne sont pas satisfaisants d’après les enquêtes de la Banque mondiale.
En outre, le pays, l’un des plus compétitifs d’Amérique Latine, a signé de nombreux accords de libre échange (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique), ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale. Une matérialisation du risque protectionniste pourrait cependant avoir un impact non négligeable sur l’économie. 

Dernière mise à jour : Janvier 2018

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Panama


mercredi 6 juin 2018

Le commerce extérieur du Panama et de la Zone libre de Colon


AMBASSADE DE FRANCE AU PANAMA SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL 
Le Chef de service A Panama, le 17 avril 2017 Rédacteur : Julien DEFRANCE 

NOTE Objet : Le commerce extérieur du Panama et de la Zone libre de Colon en 2016. 

Le commerce extérieur global se contracte en 2016, tant en raison d’exportations en baisse et de chute en valeur des importations, qu’en conséquence de l’effondrement continu de l’activité de la zone franche de Colon. Le marché panaméen reste profondément déficitaire en biens (-11 Md USD). 

1. Les caractéristiques fondamentales du commerce panaméen inchangées en 2016. 
Les importations du marché domestique connaissent un recul de -3,6 % en valeur CAF, à 11,7 Md USD. La part de marché des Etats-Unis demeure à peu près stable à 25,57 % des importations panaméennes, alors que celle de la Chine recule modérément, à 9,15 %. Le pays étant presque entièrement dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement, la structure de son commerce extérieur n’évolue pas ou peu. La baisse d’ensemble est liée aux différents types de carburants, intégralement importés. Ainsi, le diesel (492 M USD, -46,6 %) et l’essence (283 M USD, -21 %) peuvent expliquer une grande partie de la diminution. Ces carburants viennent en partie des Etats-Unis mais majoritairement de la zone franche pétrolière nationale qui fait figure de second fournisseur du pays avec une part de marché de 9,3 %. De la même façon, la zone libre de Colon fournit 8,3 % du marché domestique, dont elle est un pourvoyeur traditionnel de produits chimiques, cosmétiques, pharmaceutiques ou textiles en provenance notamment d’Asie et d’Europe. Un troisième groupe de zones libres, les zones franches de transformation, continue de progresser avec 2,7 % de part de marché, occupant la 9 ème position globale. Ce groupe concerne surtout l’activité de la zone de Panama Pacifico à la croissance très rapide et au chiffre d’affaires estimé supérieur à 1 Md USD. 
Les autres principaux fournisseurs du marché panaméen sont régionaux : Mexique (5,3 %), Costa Rica (3,9 %) et Colombie (3,1 %) avec, au moins pour le deuxième, un rôle important dans la fourniture des très nombreux produits vivriers localement inexistants. L’Asie complète les dix premières positions avec la Corée et le Japon (environ 2,7 % chacun). L’Espagne, en 11ème position et très bien implantée, est logiquement le premier fournisseur européen (2,3 %) juste devant l’Allemagne (2,2 %). Avec 1,1 % de parts, la France occupe la 17ème position, soit un recul de trois places sur un an (1,2 % en 2015), tout en demeurant le 4 ème Européen, derrière encore l’Italie (1,5 %). 
A 636 M USD, la valeur FAB des exportations panaméennes recule une nouvelle fois en 2016 (-8,6 %). Les Etats-Unis sont le premier marché d’export (20,3 %), devant les Pays-Bas (15,2 %) qui, très loin devant tout autre pays européen, font figure de point d’entrée portuaire vers le marché de l’UE, notamment pour les bananes. La Chine continentale (5,6 %) et Taïwan (4,2 %), que continue de reconnaître le pays, sont d’autres débouchés non négligeables. Individuellement, les bananes sont le premier produit d’exportation, vendues pour 88,8 M USD (-7,5 %), à plus de 80 % aux Pays-Bas mais plutôt à destination finale du marché allemand. Les produits de la pêche, pris dans leur globalité, sont le principal groupe à l’export. En leur sein, les poissons1 (54,4 M USD, -24 %) et les crevettes (38,9 M USD, -28,3 %) sont des composantes importantes. Plusieurs postes de produits dérivés sont significatifs, comme les farines de poissons (26,3 M USD, +3 %). Viennent ensuite les bois (46,5 M USD, -13,2 %). Le potentiel du terroir local en matière de café est peu exploité (25 M USD, +4 %). Le rhum panaméen connait un succès modeste (8,4 M USD) malgré sa qualité. 


(1 Classification générale qui exclut un certain nombre d’espèces locales comptabilisées individuellement et qui feraient nettement augmenter le chiffre global si elles étaient intégrées.)


Le pays équilibre plutôt ses comptes extérieurs par l’investissement étranger et le commerce de services (Canal, deux premiers ports d’Amérique latine, centre financier, de services aux entreprises, logistique, aéroportuaire, tourisme naissant) que par les ventes de biens. Un important investissement canadien (First Quantum) dans une exploitation de cuivre sur la côté caribéenne pourrait valoir un triplement voire un quadruplement aux exportations à moyen terme. Il pourrait démarrer ses opérations dès 2018. 

2. La zone franche de Colon n’a pas encore touché le fond. 
En recul de 35% depuis 2012, l’activité de la Zone libre de Colon (ZLC) a une nouvelle fois sévèrement chuté en 2016 (-8,4 % de réexportations, à 10,4 Md USD2 ). La ZLC continue de se fournir essentiellement en Chine continentale (31,3 % du total) et à Singapour (18,9 %). Viennent plus loin les Etats-Unis (9,1 %) et le Mexique (5,2 %). La France fait partie du groupe des fournisseurs se situant entre 1,5 et 3,5 % de parts de marché et occupe la 8 ème position (2,2 %), doublée en 2016 comme premier Européen par la Belgique3 (7ème , 2,4 %). Si l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord apportent 92,5 % des marchandises, l’essence de l’activité de la ZLC reste la réexportation vers son voisinage latino-américain et caribéen qui capte 89,7 % des ventes. Avec 1,7 Md USD et 16,7 % des exportations, Porto Rico conserve le premier rang, en raison de l’utilisation dans son industrie pharmaceutique de produits chimiques importés via Colon depuis l’Asie. La Colombie demeure deuxième (10 %), en dépit d’un différend commercial majeur qui perdure autour de textiles et chaussures d’origine chinoise, sur lesquels le pays voisin impose des surtaxes dont la légalité est en cours d’examen par un panel de l’OMC. Le marché domestique panaméen reçoit 9,3 % des réexportations de Colon. Le Costa Rica devient 4 ème (6,7 %) et le Venezuela, auparavant l’un des débouchés les plus significatifs, continue d’être marginalisé (5,7 %), faute d’avoir pu pendant des années liquider ses nombreux arriérés envers la ZLC. Vient ensuite la République dominicaine (5,1 %). Les clients suivants sont essentiellement centraméricains et andins, et constituent un groupe de huit pays qui acquiert individuellement 2 à 4,5 % des ventes de la ZLC. 

Une grande partie des produits réexportés depuis Colon sont les produits des industries chimiques : 4 Md USD, 38,6 % de la valeur totale. Elles vont majoritairement vers l’industrie portoricaine, secondairement vers d’autres marchés transformateurs comme le Japon. Le groupe des produits chimiques comprend aussi les produits pharmaceutiques. La catégorie la plus ample et moins spécifique des « médicaments » regroupe 1,2 Md USD d’importations et 1,45 Md USD de réexportations en 2016. Les fournisseurs sont multiples et dominés par le Mexique (349 M USD). La France en est le 10ème pourvoyeur. Leur débouché principal est l’Amérique centrale et les Caraïbes. Le groupe des machines, appareils électriques et audiovisuels vient en seconde position, avec 1,8 Md USD de réexportations. Ces marchandises regroupent un grand nombre de lignes et viennent en général d’Asie, particulièrement de Chine. Les produits textiles sont exportés pour 1,5 Md USD. La Chine en est un gros fournisseur et la Colombie un important client, malgré le différend commercial évoqué supra. Il en va de même de la catégorie qui regroupe la cordonnerie, la chapellerie, et d’autres articles divers (896 M USD de réexportations). Viennent ensuite les produits des industries agroalimentaires (497 M USD), pour lesquels les pays régionaux, Panama compris, sont à l’inverse les premiers fournisseurs, tout en étant clients. Les matières plastiques et caoutchouteuses apportent 352 M USD de chiffre d’affaires à la zone franche. 

(*** 2 Ce chiffre est curieusement à considérer comme brut, puisqu’une somme de lignes de « retours de marchandises » atteint 105 M USD et est intégrée dans l’ensemble.
 3 Comme pour les Pays Bas, l’expédition de marchandises par les ports belges est susceptible de surestimer la part de marché de la Belgique.)

Les dernières données disponibles indiquent une amorce d’inflexion dans l’effondrement de la ZLC. Il est possible qu’elle ait fini par digérer le sinistre de la marginalisation du partenaire historique vénézuélien et la dispute commerciale colombienne mais ceci reste à confirmer. Le problème de fond demeure une crise de reconversion. 

Le Panama exporte l’équivalent de 5,4 % de ses importations et a réduit en 2016 ses très maigres exportations en volume et en valeur. L’essentiel des politiques publiques reste focalisé, hors investissement canadien dans le cuivre, sur le secteur dynamique des services qui continueront de compenser un déficit commercial qui restera abyssal tant que les exportations de ce métal n’auront pas commencé. 

Patrick HERVE 

Annexe 1: Principaux débouchés de la Zone libre de Colon en 2016 et évolution. Principaux partenaires Exportations en valeur (FAB) Part dans le total Variation nominale/2015 Porto Rico 1 728 354 325 16,6% -11% Colombie 1 049 834 671 10,1% -29% Panama 968 202 476 9,3% -9% Costa Rica 698 507 661 6,7% 9% Venezuela 595 899 173 5,7% -20% République dominicaine 535 245 073 5,1% -2% Guatemala 464 507 593 4,5% -4% Etats Unis 422 630 563 4,1% -21% Honduras 383 534 592 3,7% 1% Nicaragua 339 955 175 3,3% 2% El Salvador 332 689 481 3,2% 11% Equateur 316 713 404 3,0% -23% Pérou 284 234 816 2,7% 44% Cuba 256 688 633 2,5% -8% Chili 249 950 624 2,4% -1% Sources : Douanes panaméennes. Annexe 2: Principaux fournisseurs, notamment européens, du marché domestique et de la ZLC. Sources : Douanes panaméennes. Marché domestique (11,7 Md USD importés en 2016) ZLC (9,24 Md USD importés en 2016) 2015 2016 2015 2016 France 1,19% 1,17% 2,79% 2,28% Etats-Unis 25,85% 25,57% 8,88% 9,10% Chine (continentale) 9,55% 9,15% 34,05% 31,33% Colombie 2,98% 3,10% 1,02% 1,07% Espagne 2,82% 2,34% 0,95% 1,16% Allemagne 2,32% 2,16% 1,59% 1,60% Italie 2,24% 1,47% 1,51% 1,51% Pays Bas 0,53% 0,96% 0,87% 0,83% Grande Bretagne 0,75% 0,60% 1,60% 1,58% Belgique 0,41% 0,45% 2,27% 2,43%

jeudi 24 mai 2018

Panama Information Pays


Le Panama, petite économie de près de 4 M d’habitants, bénéficie d’une situation géographique avantageuse l’ayant incité à se spécialiser dans les services (près de 80% du PIB). L’économie repose sur trois piliers : la Zone franche de Colón (2ème plate-forme de redistribution de biens de consommation au monde), le Centre Bancaire International (93 banques - 118 Md USD d’actifs, soit 227% du PIB) et les services maritimes (Canal et infrastructures portuaires et de logistique, pavillon de complaisance, etc.). Le Panama capte 5% du commerce maritime mondial (hors pétrole) et 31% du commerce Asie-Pacifique/côte Est des États-Unis ; on peut désormais y ajouter, comme facteur d’expansion, le hub aérien des « Amériques » de la compagnie Copa Airlines, entreprise fleuron du pays.
Malgré sa taille, le pays centre-américain abrite plusieurs grands projets, ce qui en fait un marché convoité par les investisseurs étrangers : le 3ème jeu d’écluses sur le Canal de Panama a commencé ses opérations commerciales en juin 2016 avec en corollaire des projets portuaires et de ponts; métro de la capitale avec un plan directeur de 4 lignes d’ici 2025 (la 2ème ligne à un avancement de 45% à la mi-2017). Cette croissance économique s'appuyant sur les investissements publics et le commerce extérieur a rapidement repris malgré un ralentissement suite à la crise de 2008-2009. Le PIB est passé de 13 Md USD en 2003 à 55 Md USD en 2016. Le PIB/hab. nominal (13 654 USD en 2016), est l’un des plus élevés d’Amérique latine : en parité de pouvoir d’achat, il est le 2ème d’Amérique latine, de 23 000 USD, derrière celui du Chili. Le pays a enregistré un taux de croissance de plus de 8% en moyenne sur la dernière décennie et +5,8 % en 2015. En 2016, la croissance a ralenti à +4,9 %. Cela s’explique principalement par la baisse d'activité de près de 10% du Canal et de la Zone Franche de Colon liée au ralentissement économique international et particulièrement de ses voisins. La croissance devrait être supérieure en 2017, prévue à +5,8 % par le gouvernement et le FMI. Elle serait portée par l’activité du Canal élargi, le projet minier (d’une valeur de 5,5 Md USD, Minera Panama, filiale du canadien First Quantum ; finalisation attendue pour 2018) ainsi qu’un grand nombre de projets d’investissements. Le pays étant dollarisé (absence de Banque centrale et donc de politique monétaire), seule la politique budgétaire permet d'influer sur une croissance  qui est revenue de la surchauffe. Les équipes du FMI ont notamment plaidé depuis 2014 pour un resserrement budgétaire afin de calmer la hausse des prix, l'endettement public et les déficits du compte courant,  récurrents mais en diminution (-5,8 % du PIB en 2016 pour -6,5 % en 2015). Bénéficiant de la hausse du dollar, l’inflation, traditionnellement faible, mais qui s’était inscrite en hausse depuis 2005, est revenue à 0,7 % en 2016. Elle devrait, cependant, accélérer en 2017, avec la remontée des prix du pétrole, autour de  2 % selon le FMI.
Le « plan quinquennal » d’investissements publics 2015-2019 (19,5 Md USD), vise à alléger la dépendance de l’économie vis-à-vis du Canal et à faire du pays un centre régional de logistique multimodal et « multi-secteurs » (développement de « clusters »), mais aussi une plate-forme régionale de développement des affaires compétitive. Si les activités autour du Canal restent l’un des meilleurs atouts du pays, l’essor de nouvelles filières est à l’ordre du jour : le tourisme et le secteur minier (cuivre, surtout).  Malgré la promulgation d'une loi de responsabilité budgétaire qui fixe  entre autres un objectif d'excédent primaire, un seuil maximum de déficit budgétaire de 1% du PIB et une dette publique maximum de 40% du PIB, le Panama peine à respecter cette loi et a multiplié les exemptions. Les autorités ont créé en 2012 un « fonds souverain », initialement abondé à hauteur de 1,2 Md USD par l’actuel Fonds fiduciaire au développement (FFD) puis, dès 2015, par les revenus excédentaires du canal (au-delà de 3,5% du PIB) qui n’atteindront pas ce seuil fatidique avant 2021 au mieux. En 2016, la dette publique représente 39 % du PIB. Elle est sur une trajectoire descendante selon les projections du FMI. La dette est en lien avec la dynamique de croissance (grands chantiers, investissements et consommation privés), dans un contexte de déficit budgétaire en réduction sensible, à 1,9 % du PIB en 2016 (après -2,3 % PIB en 2015).
Sur le plan externe, les déficits extérieurs devraient diminuer à mesure que les grands travaux publics s’achèvent. Le déficit du compte courant est largement financé par les IDE (9,5 % du PIB) qui sont les plus élevés de la région Amérique centrale (44% du total régional) et les 7èmes à l’échelle de l’Amérique latine (après le Brésil, le Mexique, le Chili, la Colombie, l’Argentine, le Pérou). Les IDE se sont élevés en 2016 à 5,2 Md USD (+16 % par rapport à 2015). Au 1er trimestre 2017, ils atteignaient 1,315 Md USD, soit en hausse de +10,3 % par rapport à la même période un an plus tôt.
Le pays a poursuivi son ouverture au commerce mondial en signant de nouveaux accords de libre-échange (ALE) avec des partenaires de premier plan (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique) ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale, dont le volet commercial est entré en vigueur en août 2013. L’ALE signé en 2014 avec le Mexique lui ouvre la voie à une adhésion à l’Alliance du Pacifique, néanmoins l’accord avec la Colombie n’est toujours pas ratifié. Par ailleurs, l’OMC a donné raison à Panama pour la dispute commerciale concernant les droits douanes imposés par la Colombie sur les produits de la Zone franche de Colon. Enfin, un autre accord a été finalisé avec Israël et les négociations Amérique centrale-Corée du Sud sont stabilisées et en attente de signature.
Si le Panama a largement dominé les classements de la croissance en Amérique latine au cours de ces dernières années, une grande partie des bénéfices de cette croissance a été captée par les catégories les plus aisées de la population. Le taux de pauvreté est certes en baisse (22,1 % de la population en 2016 contre 23 % en 2015), mais les inégalités restent élevées en matière d'éducation, de santé et d'accès aux services basiques, en particulier dans les provinces autonomes à majorité indienne. La mise en place d'un développement plus durable bénéficiant à un plus grand nombre reste un défi à relever. Le ralentissement de la croissance en Amérique latine, couplé au resserrement nécessaire des dépenses publiques font également peser une nouvelle contrainte sur le pays.
La transparence financière reste un enjeu de poids pour le Panama qui dépend fortement des investissements étrangers et a su créer un centre financier crédible et performant. Les révélations des « Panama Papers » ont dévoilé les pratiques des avocats d’affaires panaméens et le pays a été rétabli sur la liste française des Etats non coopératifs. Les effets « réputationnels » directs sur l’économie panaméenne sont pour l’heure très limités. Ces évènements ont cependant conduit les autorités à réagir. Panama a ainsi ratifié la convention d’assistance administrative mutuelle pour l’échange d’informations fiscales et deux lois fondamentales pour permettre la transparence financière sont entrées en vigueur. L’évaluation du GAFILAT en 2017 va mesurer l’engagement du pays pour faire face aux risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Enfin, à l’issue de la procédure accélérée d’examen par le Forum mondial de l’OCDE, en 2017, le Panama a provisoirement obtenu une notation largement conforme, qui écarte de façon temporaire le risque d’inscription sur une virtuelle liste noire internationale.