POINTS FORTS
- Canal interocéanique et infrastructures connexes (ports, aéroports, routes, voies ferrées)
- Dollarisation totale de l’économie et stabilité financière
- Zone franche de Colón, 2e plateforme mondiale d’import-export
- Centre bancaire et financier régional servi par d’excellentes télécommunications
- Potentiel touristique
POINTS FAIBLES
- Forte exposition à la conjoncture nord et sud-américaine
- Lacunes en termes d’éducation et de formation professionnelle
- Forte disparité entre la zone du canal et le reste du pays
- Corruption et clientélisme, bureaucratie
APPRÉCIATION DU RISQUE
UNE ACCÉLÉRATION FONDÉE SUR L’ACTIVITÉ DU NOUVEAU CANAL
L’économie panaméenne affiche le plus fort dynamisme d’Amérique Latine et reste une destination attractive pour les services financiers et de transports. La croissance resterait soutenue par la demande interne. La consommation des ménages demeurerait dynamique en raison de la situation toujours très favorable sur le marché de l’emploi, la participation à la première Coupe du monde de football et l’évolution du crédit, dans un contexte où l’inflation demeurerait modérée. Néanmoins cette dynamique du crédit devrait s’affaiblir à cause de la poursuite du resserrement de la politique monétaire lié à la remontée des taux américains. En outre, le système bancaire panaméen, véritable centre financier de la région, devrait rester résilient. L’investissement privé et public (45 % du PIB) afficheraient de bonnes performances, bien que moins importantes que par le passé (achèvement de l’expansion du canal) grâce à l’activité générée par la construction de lignes de métro, d’un quatrième pont au-dessus du canal, l’achèvement de l’aéroport et le développement d’une mine de cuivre et d’or. De plus, l’activité du canal serait favorisée par la reprise des échanges extérieurs résultant du redémarrage économique en Amérique latine et plus globalement du commerce mondial. Cela devrait s’accompagner d’un développement des services financiers, logistiques et touristiques.
LES DÉFICITS SE RÉDUIRAIENT GRÂCE À L’EXPANSION DU CANAL ET À LA REPRISE DU COMMERCE MONDIAL
La situation des finances publiques poursuivrait son amélioration, toujours dans le cadre du respect des cibles budgétaires données par la loi de responsabilité budgétaire et sociale. Le projet de budget 2018 présenté en juillet 2017 affiche une hausse de 7,9 % par rapport à 2017, soit une hausse des recettes de 6,9 % (liées notamment aux revenus de péage du canal), et des dépenses de 4,2 % : presque 50 % du budget a été alloué aux programmes sociaux, mais des dépenses d’investissement importantes sont prévues, en particulier pour la réalisation des lignes 2 et 3 du métro. La dette resterait ainsi modérée et devrait continuer à diminuer.
Le déficit courant devrait se réduire en 2018 en raison de l’activité du canal dopée par son expansion, ainsi que par la reprise du commerce mondial. La croissance plus forte en Amérique Latine favoriserait les exportations, et ce malgré le dynamisme modéré des États-Unis et l’appréciation du dollar US, la monnaie du pays. Par ailleurs les exportations se diversifieraient davantage avec l’ouverture d’une nouvelle mine de cuivre. Néanmoins, les importations demeureraient importantes compte tenu du contenu en importations des investissements. Les IDE (constitués essentiellement de profits réinvestis) devraient rester dynamiques et financer le déficit courant, mais resteraient vulnérables à une modification par les États-Unis des règles d’imposition des sociétés. La balance des revenus resterait déficitaire en raison du paiement des intérêts de la dette détenue par les créanciers étrangers et les rapatriements de dividendes par les sociétés étrangères.
UNE FRAGILE MAJORITÉ PARLEMENTAIRE ET DES PROGRÈS EN TERMES DE TRANSPARENCE POST « PANAMA PAPER »
Le Président Juan Carlos Varela du parti de centre-droit Partido Panamañista (PP), au pouvoir depuis le 1er juillet 2014, a dû conclure un accord avec l’opposition de centre-gauche du Partido Revolucionario Democrático (PRD), lui conférant une majorité parlementaire avec 49 sièges sur 71. La popularité du président s’affaiblit, et les prochaines élections législatives et présidentielles auront lieu en mai 2019 (le président sortant ne pourra pas se représenter). Les inégalités de revenus sont très fortes. La redistribution est entravée par la rareté des recettes budgétaires (9 % du PIB).
Sur le plan externe, alors que le scandale des « Panama Papers » qui a éclaté en avril 2016 avait suscité de nombreuses réactions internationales envers le système fiscal panaméen, le risque de réputation ne semble pas avoir affecté significativement l’attractivité du pays vu le nombre important de multinationales qui ont implanté leur siège régional dans le pays en lien avec le statut exonératoire de siège régional de multinationale (SEM). Le pays a accru la transparence financière et la lutte contre la fraude fiscale en signant notamment la convention d’assistance administrative mutuelle (MAC). Ces progrès lui ont permis en juin 2017 de sortir de la liste des pays non coopératifs établie par l’OCDE : le pays figure désormais dans la catégorie des pays qui respectent « largement les critères » exigés par l’organisation. En revanche, l’exécution des contrats et le traitement de l’insolvabilité ne sont pas satisfaisants d’après les enquêtes de la Banque mondiale.
En outre, le pays, l’un des plus compétitifs d’Amérique Latine, a signé de nombreux accords de libre échange (Pérou, États-Unis, Canada, Colombie, zone AELE, Mexique), ainsi que l’important accord d’association UE-Amérique centrale. Une matérialisation du risque protectionniste pourrait cependant avoir un impact non négligeable sur l’économie.
Dernière mise à jour : Janvier 2018
http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Panama